Lors de mon voyage sur l’île de Yakushima (Japon, 2016), j’ai rencontré toutes sortes d’arbres. Des arbres qui dansaient, des arbres qui formaient une communauté, qui se parasitaient, des arbres qui semblaient avoir peau humaine. Le cadrage rapproché fait qu’on ne sait pas toujours si on voit un arbre, ou bien un détail un peu abstrait. Je travaille sur cette ambivalence, regarder les arbres pour mieux voir les Humains, ne plus vraiment savoir ce que l’on regarde, arbre ou humain, seule certitude : c’est du vivant. Je me sers de ce jeu avec la perception pour déstabiliser notre regard sur la diversité et questionner le rapport au vivant, au respect de la vie, à sa fragilité.
Dans le milieu naturel, la diversité est reconnue comme une richesse nécessaire – au lieu d’un combat social – et sa beauté échappe à tout totalitarisme esthétique. Constatant notre habileté naturelle à admirer la variété au sein de la nature, mais parfois moins en ce qui concerne l’Humain, je cherche à transférer cette capacité vers d’autres contextes en jouant avec la perception pour proposer d’autres perspectives avec la série « Peaux ».
Par l’intermédiaire d’expositions, je cherche à sensibiliser le public au “tissus du vivant” : l’interdépendance des espèces, y-compris la nôtre.
En effet, je pense que tant que l’appartenance au vivant et ses actuelles transformations ne seront pas perçues par les humains à travers leurs propres sens, la volonté écologie restera une cause abstraite, mue par la bonne conscience. Ce n’est que par la sensorialité que nous avons accès à la matérialité – donc la réalité – des événements.